Le présent ouvrage est issu d’un mémoire de licence à l’Université de Neuchâtel, qui quant à lui s’inscrit dans tout un projet de recherches historiques dédiées au passé du Landeron. L’occasion pour lancer ce projet fut en 1999 la commémoration du 550e anniversaire du premier traité de combourgeoisie entre Le Landeron et Soleure, un traité qui devait s’avérer lourd de conséquences un siècle après sa conclusion, et qui est en quelque sorte au coeur de ce livre, même si ni le mot combourgeoisie ni le nom de Soleure n’apparaissent dans son titre. C’est en effet l’alliance avec cette ville qui permit au bourg du Landeron et au village limitrophe de Cressier, appartenant à la châtellenie du Landeron, de résister à la Réforme et de garder leur ancienne foi. Face aux pressions exercées par les villes de Neuchâtel et de Berne, la résistance du Landeron fut remarquable, ne serait-ce que parce qu’elle fut finalement couronnée de succès, ce qui ne s’explique pas sans le soutien soleurois. Ce dernier servait également de relais à celui des autres «cantons» – c’est faute de mieux que nous nous servons de ce terme anachronique – catholiques. Dans son étude, l’auteur retrace à l’aide des archives landeronnaises, soleuroises et bernoises la «bataille du Landeron» qui dura une trentaine d’années, pour s’apaiser au début des années 1560 seulement. Un peu plus tôt, en décembre 1557, Berne avait déjà abandonné la partie, consentant à une réconciliation arrangée par un arbitre fribourgeois, un biennois ainsi qu’un représentant des comtes de Neuchâtel, dont l’autorité sortit affaiblie du conflit. En juin de l’année suivante, le bailli bernois de l’Ile Saint-Jean assista, point culminant de la réconciliation, à l’installation officielle du nouveau curé du Landeron – un acte solennel dont la particularité réside dans le fait que la ville de Berne, championne de la Réforme en Suisse occidentale, était amenée à installer un prêtre catholique. Cette coïncidence s’explique par la persistance des structures médiévales: l’abbaye bénédictine de Saint-Jean à Cerlier avait en effet détenu le droit de collation du curé du Landeron, droit passé après la sécularisation de l’abbaye aux nouveaux maîtres des lieux, à savoir la ville de Berne.

Il n’est pas question de retracer ici les aléas d’une trentaine d’années de luttes, de disputes et de négociations entre les partis, d’autant plus que Lionel Bartolini s’est acquitté de cette tâche avec circonspection et un sens de la synthèse indispensable à ce genre de reconstruction historique. Rappelons donc seulement, l’auteur le fait d’ailleurs, que ces débats eurent lieu devant deux types d’arrièreplan: d’une part un «réseau» de traités de combourgeoisies liant d’un côté les comtes de Neuchâtel – qui n’étaient pas formellement membres de la Confédération – avec Berne (1308) et avec Soleure (1369), d’un autre côté, comme il a été dit, Le Landeron avec Soleure (1449); un autre fond était plus récent: la seconde guerre de Kappel, suivie de la deuxième Paix nationale (1531). Le fragile équilibre au sein de la Confédération suite à ces événements explique probablement pourquoi aucun des partis s’affrontant au sujet de la question du Landeron ne fut finalement prêt à recourir aux mesures extrêmes, ce qui permit, après une longue période de gestation, d’aboutir à un règlement pacifique du problème, même si ce règlement ne fut pas satisfaisant pour toutes les parties concernées.

Zitierweise:
Georg Modestin: Compte rendu de: Lionel Bartolini: Une résistance à la Réforme dans le Pays de Neuchâtel. Le Landeron et sa région (1530–1562). Neuchâtel, Editions Alphil, 2006. Zuerst erschienen in: Revue suisse d’histoire, Vol. 58 Nr. 3, 2008, pages 343-344.